Bénin santé 2011
Un secteur santé encore léthargique malgré les mesures de gratuité
Aujourd’hui 30 décembre 2011. Encore 1 jour et l’année 2011 sera définitivement rangée dans les placards. Mais avant cela, il faut qu’on s’interroge sur la situation sanitaire dans le pays. Au cours de cette année, les citoyens se sont-ils portés mieux que par le passé ? L’Etat, a-t-il pu prendre des mesures pour garantir à chacun des soins de qualité et à moindre coût conformément aux exigences de la constitution ? mieux, le secteur de la santé, s’est-il mieux porté que par le passé où des grèves à ne point finir ont rendu la vie pénible à des honnêtes citoyens ? Voilà autant de préoccupations que nous nous sommes fait le devoir d’élucider à cette fin de l’année 2011, afin de mieux cerner l’impact des actions déployées par les gouvernants.
Le Bénin a démarré l’année 2011 par une situation de paralysie totale du secteur de la santé. Revendiquant des primes, les travailleurs du secteur de la santé dans le public, ont des mois durant, paralysé les hôpitaux, empêchant des milliers de citoyens d’accéder aux soins. Les multiples rappels à l’ordre du ministre Takpara d’alors n’ont pas émoussé l’ardeur de ces grévistes attitrés. A quelques jours des élections présidentielles et législatives de mars 2011, le gouvernement a du fléchir en accédant à la requête de ces acteurs. C’est alors que la grève a été désamorcée et les pourparlers repris entre syndicats et autorités à divers niveaux.
En avril, avec le nouveau mandat du président Yayi, la santé a changé de leader. Takpara est parti et comme une surprise, Dorothée Gazard est revenu. En tant que femme battante, elle s’est mise à la tâche. Sans relâche, l’inspection du département a commencé. Il fallait toucher du doigt les maux qui minent la maison santé au Bénin. Et aujourd’hui, elle peut se réjouir d’avoir touché du doigt la réalité sur le terrain. Le Bénin certes disposes de plusieurs centres sanitaires rationnellement repartis sur tout le territoire national. Cependant, la vie de ces centres n’est aucunement reluisante. Et pour preuve, à Cotonou et ses environs par exemple, les hôpitaux de zones sont érigés pour désengorger le Cnhu et pourtant dans la réalité ce n’est pas cela. Ces hôpitaux sont vides au moment où des malades jonchent les pavés du Cnhu.
Pour parer à cet état de choses, des dispositifs sont mis en œuvre, même des redéploiements ont été faits pour cette cause. L’espoir est que ce soit de bonnes mesures qui sont prises et vivement que ces mesures portent la promesse des fleurs.
A sa prise de service dans la soirée du mardi 31 mai 2011, le Pr Dorothée Gazard ambitionnait améliorer la santé de la mère et de l’enfant à travers un soutien plus accru des partenaires techniques et financiers ; assurer la prise en charge et la prévention résolue du paludisme ; assurer la disponibilité permanente des anti-retroviraux pour les Pvvih ; institutionnaliser le régime d’assurance maladie universelle ; renforcer le système de santé à travers le Compact ; trouver une nouvelle approche complémentaire des dispositifs actuels dans le domaine de la promotion de la santé ; restructurer l’espace hospitalier et universitaire ; conjuguer avec tous les acteurs, les efforts à tous les niveaux pour atteindre les Omd en rapport avec la santé d’ici 2015 ; poursuivre les négociations en vue de la mise en œuvre des grands projets de développement de la santé au Bénin… pour ce faire, son crédo est justice et de la justesse en toute circonstance. Sept mois après, a-t-elle pu faire quelque chose ? Absolument oui. Des pas de géants ont été accomplis même si au finish, les impacts au sein des populations ne sont pas encore perceptibles à tous les niveaux.
Trois grandes décisions présidentielles ont marqué cette année 2011. Il s’agit entre autres de la distribution gratuite des moustiquaires imprégnées à longue durée d’action aux populations béninoises ; de la gratuité des soins pour les liés au paludisme pour les enfants de moins de 5 ans et pour les femmes enceintes dans tous les hôpitaux du secteur public et du lancement de la mise en œuvre du Ramu, entendez Régime d’Assurance Maladie au Bénin.
La première action gouvernementale qui fait suite à la gratuité de la césarienne lancée en 2009, vise réduire de 90% l’infection au paludisme qui est une maladie dangereuse, un véritable obstacle au développement socio-économique de nombreux pays dans la région ; la première cause de mortalité chez les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans et la première cause de consultation dans les hôpitaux et autres centres de santé. En effet, par an, ce sont des milliers de personnes qui sont victimes de cette maladie, avec un chiffre record de 1.355.966 personnes victimes et 1185 décès pour l’année 2010 par exemple. La distribution gratuite de moustiquaires couplée aux pulvérisations intra domicile s’était avérée comme une solution efficace pour réduire la prévalence de cette maladie car dit-on, il vaut toujours prévenir que guérir. La réussite de cette action a connu l’implication aussi bien de l’Etat que de plusieurs partenaires nationaux et internationaux, surtout les partenaires techniques et financiers intervenants dans le domaine de la santé dans le pays.
C’est au plein cœur de cette action que le chef de l’Etat a pris la décision de la mise en application d’une nouvelle mesure, celle de rendre dorénavant gratuite les soins liés au paludisme pour les cibles les plus vulnérables à la maladie que sont les enfants de moins de 5 ans et pour les femmes enceintes et ce, dans tous les hôpitaux du secteur public. C’est dire alors que si cette décision est bien suivi, le pays peut se targuer d’avoir franchi un grand pas en soulageant un temps soit peu les pauvres populations dans leurs difficultés d’accès à des soins de santé de qualité et moins couteux.
Depuis au moins cinq mois, cette mesure fait son petit bonhomme de chemin, avec ses difficultés car il faut le reconnaitre, le terrain n’était pas bien balisé et ne l’est pas encore à ce jour, en matière de la qualité des soins. La gestion faite des hôpitaux relevant du public, ne favorisent pas cela et la ministre Dorothée Gazard, depuis sa deuxième venue à la tête de ce département en mai 2011, a pu se convaincre de cette situation. Il est urgent de revoir la pyramide sanitaire du pays.
Une troisième mesure, la dernière de l’année 2011, c’est bien le lancement du Ramu. Il y a seulement quelques jours que le chef de l’Etat en personne a rendu public cette mesure au cours d’une cérémonie solennelle au Palais des Congrès de Cotonou. Car en réalité, le droit à la santé est un principe fondamental universellement reconnu à l’homme et institué par les droits de l’homme et tous les pays du monde. C’est donc pour mieux garantir à ses populations ce droit, que le Bénin ne cesse de déployer nombre d’efforts dans la mise en place du RAMU. Avec le Ramu, c’est bien le système de solidarité dans les soins qui est ainsi installé au sein des communautés. Certes des mesures de prise en charge existaient pour certaines catégories de citoyens mais elles n’étaient pas généralisées. C’est donc dans le souci de mettre tout le monde dans une même chaine de solidarité que le Ramu voit le jour. Mais peut-on déjà conclure qu’avec cette mesure, le citoyen de Chikandou pourra désormais se soigner à moindres coût et disposer d’une d’assurance maladie universelle fiable, de qualité et adaptée aux besoins et réalités des populations ? Non pour le moment même si c’est l’idéal. Sur le plan pratique, le Bénin n’est pas encore prêt pour voir le Ramu se dérouler sans difficultés. Bien avant le lancement, il s’est tenu une rencontre internationale au Bénin qui s’est penchée sur le sujet. La conclusion est que le chemin n’est pas encore balisé pour une mise en application correcte du Ramu. Toutefois, il faut saluer le courage qui a conduit à la prise de cette décision bien salutaire pour les citoyens béninois.
De tout ce qui précède, il ressort que dans le domaine de la santé, des efforts ont été fournis. Mais ces efforts sont-ils à la hauteur des attentes des populations ? C’est encore la toute la problématique. Car une chose est de mettre en œuvre des mesures mais faudrait-il que ces mesures aillent dans la droite ligne des réalités des populations sur le terrain. Et c’est justement là qu’il y a encore de la matière pour la ministre de la santé et tout le gouvernement de Boni Yayi. Dans les centres de santé publics, c’est la désolation. Pratiquement rien ne marche. Même le CNHU qui est la référence en matière de soins de santé, jonche dans des difficultés ; le chef de l’Etat est plusieurs fois aller se convaincre de cette réalité.
Sans pour autant vexer dans les critiques, on peut dire que 2011 a été l’année de mise au point. Comme le patient faisant un bilan de santé, la ministre Gazard a pu se rendre compte des difficultés inhérentes au secteur. Du Nord au Sud, le diagnostic a été posé, il reste à l’Etat administré le bon traitement pour permettre à tous les hôpitaux de jouer convenablement leur rôle.
Nous espérons qu’avec le dynamisme qui lui est reconnu, la ministre Gazard attachera du prix à cet engagement, l’atteinte des Omd d’ici 2015 oblige.
Norbert Houessou
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